La phytothérapie est un des outils utilisé en naturopathie pour prévenir, soulager voire guérir certaines maladies et troubles de la santé.
Même si l’on dispose, à l’heure actuelle, de nombreux extraits de plantes sous forme de compléments alimentaires. Ils présentent l’avantage d’être faciles à prendre, de ne demander aucun effort de préparation et souvent, d’offrir une teneur contrôlée en principes actifs.
Cependant, il peut être amusant de préparer soi-même ses antidotes à base de plantes. Il faut évidemment en avoir à portée de main et connaître leurs vertus.
Dans cet article, je vous propose quelques bases afin de pouvoir confectionner vous même quelques remèdes.
I-Récolter ses plantes
Choisissez des plantes que vous connaissez bien et que vous ne risquez pas de confondre. Certains végétaux sont toxiques. L’identification des plantes est primordiale. L’idéal, pour apprendre, est de se promener avec une personne férue de botanique. Il existe également de nombreux sites, applications, clubs ou stages qui proposent de découvrir la flore et ses bienfaits.
Lorsque vous aurez rempli votre panier de feuilles et de fleurs, vérifiez bien que vous avez correctement déterminé les plantes. Au besoin, regardez sur un guide de la flore et comparez minutieusement les descriptions.
Selon l’époque de floraison, de maturité et selon les parties de plantes concernées, les moments de récolte varient. Au printemps et en été, ce sont surtout les végétaux , dont les principes actifs sont concentrés dans les feuilles et les fleurs qui sont intéressants. Pour récolter des fruits (baies, semences), attendez la parfaite maturité, en général à la fin de l’été. Pour les racines, mieux vaut attendre l’automne, moment où les principes actifs sont « redescendus ».
Quant aux écorces et aux bourgeons, c’est en général au printemps qu’on les prélève. Cependant, cela demande un « coup de main » et un minimum d’apprentissage, car si vous « arrachez » au hasard, vous mettez en danger la santé de l’arbre. Par respect pour la nature, il vaut mieux laisser cela aux spécialistes. Dans tous les cas, ne prélevez que ce dont vous avez besoin.
1) A quel moment de la journée ?
Choisissez une journée sèche et ensoleillée en évitant les atmosphères orageuses. Faites votre récolte de préférence le matin, lorsque la rosée est complètement évaporée, ou à défaut, le soir, mais avant que l’humidité ne soit tombée. Les végétaux ne doivent absolument pas être mouillés, sinon ils risquent de fermenter et de moisir. Ils perdraient ainsi toutes leurs qualités.
2) Le matériel nécessaire
Ciseaux et couteaux bien aiguisés sont impératifs pour sélectionner nettement les tiges. Pour éviter que les végétaux s’abîment, veillez à ne pas les écraser. Un panier est le meilleur contenant dans lequel déposer votre cueillette. Il est vivement conseillé de ne pas mélanger les différentes plantes lors de la récolte. Vous pouvez emporter plusieurs paniers, sinon ne récoltez qu’une plante lors de votre promenade.
Surtout, ne laissez pas votre récolte entassée dans le panier une fois rentré chez vous : dès votre retour, occupez-vous de vos plantes.
3) Où cueillir ?
Plus l’endroit de votre cueillette sera éloigné des zones urbanisées et des cultures, meilleure sera votre récolte. Rien ne vaut un endroit sauvage. Faites très attention à l’environnement des végétaux : s’il y a, à proximité, quelques champs cultivés régulièrement arrosés d’engrais et de pesticides, inutile de vous attarder. Ne cueillez pas de végétaux pollués. Évitez aussi les plantes couvertes de poussière qui poussent du bord des routes et des chemins. On ne lave jamais les plantes que l’on ramasse. Il faut donc qu’elles soient propres lors de la cueillette.
4) Les règles de base
Lorsque vous ramassez ou coupez des plantes, débarrassez-les des petits déchets (autres plantes, débris, etc,…) avant de les mettre dans votre panier. C’est beaucoup plus facile à faire au moment de la récolte que plus tard. Soyez strict sur la qualité, la plante doit être parfaite : flétrissures, décolorations, feuilles grignotées et tâches sont autant de défauts à prendre en compte. D’autant que les défauts sont souvent contagieux et vous risquez de « condamner » toute votre récolte.
5) Sécher et conserver
Pour faire sécher les racines, ,les feuilles, les fleurs, les bulbes, les baies et les fruits, suspendez-les ou étalez-les sans surépaisseurs sur des claies ou des cagettes, en général à l’ombre dans un endroit aéré (au grenier, par exemple). Si les racines sont charnues, mieux vaut les couper en rondelles. Une fois vos plantes séchées, répartissez-les, sans les mélanger, dans des sachets en papier, des enveloppes ou des boîtes en carton. Évitez le plastique et le métal… et les boîtes à chaussures même neuves pour éviter que les plantes absorbent les mauvaises odeurs.
6) Si vous cultivez vous même vos plantes
Les plantes aromatiques et médicinales sont généralement peu exigeantes. Ce sont souvent celles qui poussent à l’état sauvage dans les terrains en friche. Elles ne feront pas de difficultés pour envahir votre jardin ! Mettez-les de préférence dans un endroit abrité du vent. Si vous ne voulez pas vous posez de questions, semez et replantez dans un terreau stérile.
II – Comment les préparer ?
1) Les tisanes
Il y a quelques années, on reléguait les tisanes au rayon « grand-mère » avec un léger mépris, elles ont à nouveau le vent en poupe. Vous pouvez choisir une seule plante ou les mélanger, en fonction des goûts ou des effets que vous recherchez.
De nombreuses plantes peuvent être utiles et il est tout à fait possible de les mélanger. Pour cela, il faut choisir des plantes ou des parties de plantes qui peuvent être préparées ensemble : si vous mettez des racines qu’il faut faire bouillir pour en extraire les principes actifs avec des fleurs qui ne supportent que l’eau frémissante, cela ne conviendra pas.
1-1 Ce qu’il vous faut pour vos préparations
Choisissez avec soin votre matériel en préférant les casseroles émaillées et les cuillères en bois. Moins les plantes sont en contact avec du métal ou du plastique, mieux c’est. Évitez les ustensiles et les contenants en aluminium qui peuvent être toxiques et que les plantes absorbent. Pour conserver vos tisanes, privilégiez les boîtes en carton ou les flacons bouchés en verre que vous entreposerez à l’abri de la lumière.
Selon les plantes et surtout les parties de plantes que l’on utilise pour faire sa tisane, le mode de préparation est différent. L’infusion convient bien aux fleurs et feuilles en général, parties les plus fragiles des plantes. La décoction est principalement utilisée pour les racines, les tiges et les écorces. L’eau utilisée doit être aussi pure que possible et faiblement minéralisée, de l’eau de source par exemple. Évitez l’eau du robinet.
1-2 L’infusion
Elle consiste à verser de l’eau bouillante sur des plantes au moment précis où l’eau entre en ébullition. Vous mettez alors les plantes dans l’eau, vous remuez légèrement et vous couvrez la casserole. Laissez ensuite infuser le temps nécessaire (de quelques minutes à 1 heure selon les plantes). Vous pouvez battre avec un fouet à thé (en bambou) ou bien une cuillère en bois pour accélérer la diffusion des principes actifs. Lorsque le temps d’infusion est suffisant, filtrez et buvez. Vous pouvez éventuellement sucrer avec du miel, mais l’idéal, c’est quand même la tisane « pure ».
Préférez les plantes en vrac plutôt que les infusettes qui contiennent souvent des « miettes », voire de la poussière de plantes.
1-3 La décoction
Il s’agit, dans ce cas, de mettre des plantes dans l’eau froide puis de faire chauffer l’eau jusqu’à ébullition. Le temps d’ébullition peut aller de 2 minutes à une 1/2 heure selon la ou les plantes choisies et la dureté des parties de plante utilisées. Ensuite, on laisse ou non infuser, toujours en maintenant un couvercle sur la casserole. Et bien entendu, on filtre avant de boire.
1-4 La macération
Les plantes sont laissées à tremper dans un liquide : eau, alcool, huile, miel, vin,vinaigre, etc., pendant une période d’au moins 15 jours. Les préparations obtenues sont un peu plus compliquées, mais se gardent plus longtemps. On peut donc toujours en avoir sous la main.
2) Les autres préparations, à acheter ou à faire à la maison
2-1 Les compresses et cataplasmes
Compresses et cataplasmes sont principalement utilisés dans les cas de problèmes de peau, les entorses, les fractures et les douleurs musculaires ou articulaires. N’utilisez que des plantes parfaitement saines. Vous pouvez leur associer une huile végétale ou de l’argile ou du miel selon les différentes recettes à suivre scrupuleusement.
Évitez les compresses et les cataplasmes sur le ventre.
Procédez par étapes : laisser en place 20 min. Recommencez 2 heures plus tard avec une nouvelle compresse et laissez 30 minutes, etc. Ne réutilisez jamais une compresse ou un cataplasme. Jetez-les impérativement.
– Compresse : on imbibe une compresse ou un tissu propre d’une infusion concentrée ou d’une décoction de plante, puis on l’applique sur la peau et on la maintient par un bandage.
– Cataplasme : la plante peut être directement appliquée sur la peau quand les feuilles ou les fleurs sont fines. Sinon, elles peuvent être chauffées dans de l’eau ou légèrement écrasées au rouleau à pâtisserie pour que les principes actifs pénètrent plus rapidement. Maintenez avec un linge ou une bande.
2-2 Les vins médicinaux
Il s’agit de faire macérer la plante fraîche ou séchée dans du vin (blanc ou rouge et de préférence biologique) pendant quelques jours à plusieurs semaines selon les « recettes » avant de filtrer en exprimant bien les sucs de la plante. On peut conserver ces vins plusieurs mois au frais. En général, on boit un petit verre de vin médicinal avant ou après chaque repas, en apéritif ou en digestif.
2-3 Les sirops
Infusions ou décoctions additionnées de miel ou de sucre non raffiné permettent de faire des sirops qui se conservent jusqu’à 1 an. Il suffit de mélanger 1/2 litre d’infusion ou de décoction à 500 g de miel ou de sucre et faire chauffer à feu doux en remuant jusqu’à obtenir un sirop. Ensuite, on le consomme comme un sirop du commerce, en le diluant à raison de 1 cuillère à soupe dans un verre d’eau ou, mieux, dans une tisane.
Avec certains fruits et légumes, on peut faire des sirops froids. C’est le cas, par exemple, des nombreux sirops anti toux à base de radis noir, navet, carotte, oignon… Quelques lamelles du légume dans une assiette avec un peu de sucre et le jus se forme naturellement.
2-4 Les huiles médicinales
Appliquées en friction sur la peau, les huiles de plantes sont le plus souvent utilisées pour soulager les rhumatismes ou améliorer la circulation , ou encore pour apaiser les brûlures, les démangeaisons… On utilise, selon les cas, la plante sèche ou fraîche, en morceaux, que l’on met à macérer dans l’huile d’olive. Pour améliorer l’extraction, il faut que l’huile chauffe, sans atteindre une température trop forte. On utilise donc le bain-marie ou simplement l’énergie solaire.
Vins, huiles et sirops doivent être mis dans des bouteilles en verre teinté et conservés à l’abri de la lumière dans un endroit frais.
2-5 Les teintures-mères
Ces extraits alcooliques de plante, très concentrés, sont souvent très pratiques à utiliser (quelques gouttes dans un verre d’eau matin et soir). Jusqu’à récemment, on pouvait s’en procurer facilement en pharmacies, mais il semblerait qu’elles s’y fassent de plus en plus rares, d’où l’importance d’apprendre à les préparer.
Pour réaliser une teinture-mère, il faut faire macérer la plante sèche ou fraîche hachée dans un alcool fort (eau-de-vie, rhum, vodka) le plus pur possible, dans un bocal. Vous pouvez aussi utiliser un mortier et un pilon pour d’abord écraser soigneusement votre plante. Vous mettez ensuite la plante et ses sucs au fond d’un bocal et vous couvrez d’alcool. Laissez macérer 2 à 3 semaines, en secouant le bocal bien fermé tous les jours. Filtrez ensuite la macération en pressant fortement pour récupérer tous les sucs. Versez alors dans de petits flacons teintés. La teinture se conserve plusieurs années.
2-6 Les macérats glycérinés
Ce sont des extraits de bourgeons de plantes. On fait macérer la plante pendant environ 3 semaines dans un mélange composé d’un tiers d’alcool, un tiers de glycérine et un tiers d’eau pure, en agitant tous les jours le flacon, puis on filtre et on conserve dans un endroit sombre, en flacon de verre teinté, si possible.
2-7 Les élixirs floraux
Proche de l’homéopathie, la thérapie par les élixirs floraux est destinée à rééquilibrer notre système émotionnel. Cette méthode utilise des remèdes élaborés à partir de teintures-mères de plantes fortement diluées dans l’alcool. Au début du XXème siècle, le Dr Edward BACH a créé 39 remèdes, pour la plupart issus de fleurs, d’où l’expression « Fleurs de BACH ». D’autres chercheurs ont, depuis, mis au point d’autres remèdes à partir d’autres fleurs, c’est pourquoi on utilise aussi aujourd’hui l’expression « élixirs floraux ».
On peut également les faire soi-même, en préparant une essence-mère, à diluer au gré des besoins.
Pour préparer un élixir, il faut choisir sa saison, qui sera forcément ensoleillée.
Dans un saladier, versez 2 litres d’eau et recouvrez la surface de fleurs fraîches de la plante choisie, en évitant de trop les toucher. Laissez ce saladier exposé au soleil pendant une matinée ou un après-midi de grand soleil, puis filtrez et versez suffisamment de liquide dans un flacon pour le remplir à moitié, puis complétez avec du cognac (bio si possible !). Vous pouvez sacrifier le reste de la macération.
Pour réaliser votre élixir, versez 30 mL de cognac dans un petit flacon de verre teinté et ajoutez 2 gouttes de votre mélange initial de macération et cognac (à conserver à l’ombre et au frais).
2-8 Les huiles essentielles
Les huiles essentielles sont des produits huileux, volatils et odorants, sécrétés par les plantes aromatiques. Leur extraction se fait par distillation à la vapeur d’eau ou simple expression à froid pour que les principes actifs soient parfaitement préservés. L’extraction demande un matériel spécifique et conséquent, difficile donc de les faire soi-même. En revanche, l’utilisation des huiles essentielles, puissants concentrés de plantes, est relativement facile, à condition de ne jamais dépasser les doses conseillées.
Les huiles essentielles s’utilisent en interne : 1 à 3 gouttes dans 1 cuillère à café de miel. Mais on les emploie surtout par voie externe : massage (en association avec une huile végétale), inhalation, dispersion, bain,…
Les huiles essentielles s’achètent en pharmacies, parapharmacies et magasins de produits naturels. Choisissez-les issues de l’agriculture biologique.
2-9 Les « compléments alimentaires »
On trouve également de nombreux produits « tout prêts » commercialisés en pharmacies, parapharmacies, magasins de produits naturels ou vente par correspondance. Là encore, quand vous avez le choix, préférez les marques qui arborent le label AB (agriculture biologique).
Vous trouverez ainsi des gélules, des comprimés, des extraits liquides, de plantes pures ou mélangées. N’hésitez pas à interroger les conseillers présents sur la composition et la posologie. Pensez à toujours accompagner leur prise de beaucoup d’eau.
III-Conclusion
La phytothérapie est largement utilisée en naturopathie pour son efficacité et le peu d’effets secondaires qu’elle engendre. La simplicité de certaines préparations comme les tisanes permet d’avoir quelques remèdes maison pour les maux du quotidien. Je publierai certainement dans les semaines à venir des articles sur certaines plantes actives en cas de rhumes, indigestions, fatigue passagère…
Demandez conseil auprès d’un professionnel de santé si vous suivez un traitement médicamenteux, certaines plantes peuvent interagir avec certains médicaments.
Employée de manière curative ou préventive, la phytothérapie, alliée à d’autres techniques thérapeutiques (bien-être, gestion du stress etc…) qui potentialise ses effets bénéfiques, permet une prise en charge globale de la personne et de ses problématiques.
Vous pouvez prendre rendez-vous en suivant ce lien si vous souhaitez des conseils et une approche personnalisés.