Selon le Dr RESIMONT, il est difficile d’imaginer qu’une pathologie aussi répandue puisse, au XXIème siècle, être si mal dépistée, si mal traitée, voire tout simplement ignorée. C’est pourtant le cas de l’ensemble des pathologies de la glande thyroïde, et de l’hypothyroïdie en particulier, qui touche 80 à 90 % de la population européenne.

En 1899, un pionnier du traitement de la thyroïde, le Dr Eugène Hertoghe, publie un court traité intitulé De l’hypothyroïdie ou myxoedème fruste. Cette publication offre une description remarquable des signes cliniques de l’hypothyroïdie.
Aujourd’hui, plus de cent ans plus tard, on peut affirmer que le suivi clinique des patients souffrant de cette affection est plutôt en régression. La faute en grande partie aux « progrès » de la biologie médicale et à la confiance aveugle accordée à ses résultats.

Une glande chef d’orchestre

La glande thyroïde se trouve en avant de la trachée, juste sous la peau et les muscles préthyroïdiens, et sur le cartilage thyroïdien (pomme d’Adam, chez l’homme). Elle est le chef d’orchestre du système endocrinien. A ce titre, elle influence toutes les autres hormones.
Son rôle est donc essentiel. Elle constitue à elle seule la clef du fonctionnement de l’organisme dans son ensemble. Elle régule ainsi :
– le métabolisme basal, comparable au ralenti moteur ;
– la température corporelle (donc la production de chaleur) ;
– le système nerveux ;
– le système digestif ;
– la « vitesse de travail » des divers organes (cerveau, tube digestif, foie, glandes surrénales, ovaires, testicules,…).
C’est pourquoi l’hypothyroïdie s’accompagne de plaintes diverses, assimilables à une carence polyhormonale, allant de la dépression à la fatigue (matinale surtout), en passant par des problèmes digestifs et circulatoires. Elle peut se traduire par un bilan lipidique perturbé (hausse du cholestérol), une sensibilité aux infections, voire un « encrassement » de l’organisme tout entier.
Inversement, l’hyperthyroïdie évoque un moteur qui tourne trop vite : augmentation du rythme cardiaque, de la température corporelle, du péristaltisme intestinal (diarrhée)…

Le cas particulier de l’hypothyroïdie

Une maladie, différentes causes

L’activité thyroïdienne dépend de la thyroïde mais également de l’hypophyse. On distingue l’hypothyroïdie primaire due à une atteinte de la glande thyroïde elle-même (TSH haute), de l’hypothyroïdie secondaire et tertiaire, moins fréquentes, liées à une maladie de l’hypophyse ou de l’hypothalamus (TSH basse).
La maladie auto-immune de Hashimoto est une autre cause fréquente d’hypothyroïdie. Dans ce cas, la thyroïde est attaquée par des anticorps sécrétés par l’organisme lui-même. Cette pathologie est de plus en plus fréquente. Les causes sont multiples et se potentialisent : perméabilité intestinale augmentée, allergie, intolérance alimentaire, inflammation, déficience en vitamine D, fatigue des surrénales avec baisse de l’immunité qu’est le cortisol.
Mais il y a d’autres causes encore d’hypothyroïdie, liées à : une carence en iode, certaines maladies (sarcoïdose, hémochromatose), certains médicaments, etc. Encore trop peu de praticiens demandent le dosage de l’iode, et se limitent au bilan thyroïdien sanguin.
Les hypothyroïdies par carence en iode sont un peu moins fréquentes aujourd’hui qu’autrefois,mais elles touchent tout de même 72 % de la population selon l’OMS (organisation mondiale de la santé). Elles survenaient jadis dans les régions éloignées de la mer, ou elles pouvaient être responsables, entre autres, de retards mentaux : on se souvient des fameux « crétins des Alpes » décrits dans la littérature médicale. Aujourd’hui, il apparaît que le sel de table iodé ne suffit pas à couvrir les besoins. En effet, sa consommation diminue selon les recommandations en matière de prévention cardio-vasculaire, notamment pour lutter contre l’hypertension. Ainsi, on enregistre actuellement une augmentation du nombre de goîtres et des pathologies thyroïdiennes en général, ce qui est le signe d’un apport insuffisant ou d’un dysfonctionnement dans l’absorption de l’iode.

Les « concurrents » de l’iode

Les perturbateurs endocriniens, sous la forme entre autres de polluants omniprésents (plus particulièrement mercure, fluor, brome et chlore pour ce qui concerne la thyroïde), interfèrent à tous les niveaux de la fonction thyroïdienne.
Ces éléments proches de l’iode sont plus légers que lui et prennent donc facilement sa place, à la fois dans la thyroïde, qui concentre l’iode, que dans le corps tout entier.
Par conséquent, à chaque fois que vous vous baignez dans une piscine dont l’eau est chlorée, que vous buvez une eau mal déchlorée et fluorée ou que vous mangez du pain dans lequel l’iode a hélas été remplacé par le brome, vous absorbez des perturbateurs thyroïdiens.
En prenant la place de l’iode, les halogènes (fluor, chlore, brome) peuvent induire une hypothyroïdie rebelle.

Les signes de l’hypothyroïdie

On n’insistera jamais assez sur le rôle majeur de la clinique. C’est elle qui prime et non les valeurs sanguines. Elle permet de poser le diagnostic.
L’hypothyroïdie entraine des symptômes multiples et variés. Voici les principaux :
– fatigue matinale, sommeil non récupérateur
– voix rauque au lever
– gonflement du visage et/ou des extrémités
– frilosité constante, extrémités froides, température basse le matin
– sensation d’être au ralenti
– déprime, moral fluctuant
– troubles de la mémoire, troubles de la concentration
– peau sèche au niveau des coudes, des tibias et des talons
– perte de cheveux, cheveux secs comme de la paille
– rétention d’eau (oedème)
– prise de poids, difficulté à perdre du poids
– courbatures, douleurs articulaires, crampes malgré une complémentation en magnésium
– apnée du sommeil (rétention d’eau et/ou de gras à la base de la langue), je ronfle (rétention d’eau dans le voile du palais)
– règles irrégulières, règles abondantes, syndrome prémenstruel
Bien sûr, chacun de ces symptômes peut-être dû à d’autres causes, mais lorsque tous ou la plupart se retrouvent chez un même individu, il est fondé de mettre en doute le bon fonctionnement de la glande thyroïde.

La TSH : un piètre marqueur de l’hypothyroïdie

Mesurer la TSH est considéré comme le meilleur moyen de dépistage d’une pathologie de la thyroïde. Habituellement, l’hypophyse sécrète la TSH en réponse à des taux circulant d’hormones thyroïdiennes bas (T4 libre et/ou T3 libre). Alors, un niveau élevé de TSH au dessus de l’échelle de référence normale suggérerait une insuffisance thyroïdienne.
Les valeurs de référence dites normales diffèrent d’un laboratoire à l’autre et d’un continent à l’autre. En France, la TSH est considérée comme normale entre 0,5 et 5,0 mUI/l (TSH <0.5 indiquant une hyperthyroïdie, TSH>5 indiquant une hypothyroïdie).
En outre, la TSH évolue au cours de la journée, en fonction de plusieurs facteurs, dont le stress, le jeûne, la privation de sommeil, la malnutrition, l’anxiété, les saisons,…
Les transporteurs de T3 de l’hypophyse (qui sécrète la TSH) sont différents de ceux des autres tissus du corps. En effet, très dépendants de l’énergie, ils sont affectés par de nombreuses conditions qui n’influencent pas l’hypophyse. La TSH ne s’élèvera donc pas, malgré une hypothyroïdie tissulaire très répandue/diffuse.
C’est la raison pour laquelle la TSH n’est pas un marqueur précis des niveaux tissulaires de T3, alors que ce sont eux qui conditionnent l’état de santé de nombreux patients.
Considéré isolément, le dosage de la TSH n’a aucun intérêt. Mais il est intéressant de suivre son évolution.

Le dosage des hormones T3 et T4

Le problème que la médecine traditionnelle a avec le diagnostic de l’hypothyroïdie concerne la soi-disant « norme » TSH qui est beaucoup trop élevée. La TSH mesure une hormone pituitaire et non thyroïdienne. Ce test donne une mesure précise de la TSH sérique mais pas la hauteur des taux d’hormones thyroïdiennes circulantes.
Les tests thyroïdiens devraient comporter systématiquement les dosages sanguins suivants : TSH, T4 libre, T3 libre et deux anticorps antithyroïdiens (anti-thyroïde peroxydase et anti-thyroglobuline). Ce n’est malheureusement pas le cas dans la pratique courante.
Bien que non réalisé par tous les laboratoires, le dosage des hormones T3 et T4 dans les urines de 24h donne une idée beaucoup plus précise de la production thyroïdienne que les dosages sanguins, qui varient parfois au cours de la journée, ce qui est le cas en particulier de la TSH, le marqueur le plus prescrit.

Comment stimuler naturellement sa glande thyroïde ?

– Manger convenablement des fruits et légumes et en diminuer l’apport protéique.
– Dormir suffisamment. La réduction peut être de 20 à 40 % chez ceux qui ne dorment pas assez.
– Combler toute carence nutritionnelle, en particulier en fer, sélénium, magnésium, zinc, vitamine D, A, B12, oméga 3…
– En s’exposant au soleil, on augmente naturellement le taux de plusieurs hormones, dont les hormones thyroïdiennes.
– Consommer des aliments contenant de l’iode car celle-ci est malheureusement une des grandes absentes de nos régimes alimentaires. L’iode se trouve en bonne quantité dans les fruits de mer, les poissons et certaines algues.

Vous l’aurez compris, la naturopathie n’a pas vocation à vous guérir d’une hypothyroïdie. Cependant, le naturopathe peut vous aider à améliorer votre hygiène de vie pour réduire un éventuel état inflammatoire qui peut amener l’état de la thyroïde à empirer. Il pourra également vous conseiller dans le choix d’une alimentation destinée à vous apporter les nutriments nécessaires au bon fonctionnement de cette glande si importante.

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