Auparavant, la maladie de Crohn faisait partie des pathologies rares. Malheureusement, depuis cinquante ans, le nombre de cas ne cessent de progresser. Aujourd’hui, 5 personnes sur 1.000 seraient touchées. Cette affection débute généralement entre 20 et 40 ans. Les lésions de cette maladie auto-immune se retrouvent au niveau de l’iléon terminal, parfois au colon et à l’anus, quelquefois à d’autres endroits du tube digestif. Les principaux symptômes sont des douleurs abdominales, une diarrhée prolongée, des glaires sanglantes, une fièvre modérée, un amaigrissement et une asthénie. La maladie de Crohn est chronique, elle varie sans cesse entre épisodes où les symptômes sont actifs et phases de rémissions. Même si ces périodes de répit permettent aux personnes touchées par cette maladie de mener une vie « normale », il n’en reste pas moins qu’elle bouleverse leur quotidien. Des traitements naturels complémentaires permettent de traiter cette pathologie en douceur.
I – Maladie de Crohn, une inflammation qui dégénère
L’inflammation est une réaction naturelle de défense contre les agressions, d’origine infectieuse ou non infectieuse. C’est une réponse des tissus vascularisés qui permet la concentration de plasma et de cellules spécialisées à l’endroit agressé. Lors de ce processus, de nombreux médiateurs accompagnés des polynucléaires neutrophiles et des monocytes/macrophages interviennent.
L’auto-immunité est physiologique, par contre les affections auto-immunes sont pathologiques. Elles se distinguent par une réaction immunitaire cellulaire et/ou humorale orientée contre diverses cellules ou constituants de l’individu. Cette riposte est agressive. Elle peut créer des lésions ou des anomalies de fonctionnement de divers organes.
Pour se développer, la maladie auto-immune a besoin de gènes de susceptibilité, de facteurs environnementaux. Elle exige également une réponse immunitaire et une réponse inflammatoire dirigées contre les propres constituants de l’organisme.
On diagnostique la maladie de Crohn grâce :
- à des examens radiographiques qui apportent des images caractéristiques
- à des endoscopies, (rectoscopie, coloscopie et iléoscopie), complétées par des biopsies.
Les lésions histologiques sont étendues à toute l’épaisseur de la paroi intestinale
II – Crohn, une maladie plusieurs facteurs
Évidemment, des facteurs génétiques interviennent dans la maladie de Crohn, mais il existe aussi des facteurs de l’environnement.
Le tabagisme serait un de ces facteurs. On constate que cette maladie est plus fréquente et plus grave chez les fumeurs. Des macromolécules issues du tabac se mêlent donc aux macromolécules bactériennes et alimentaires véhiculées par les leucocytes à travers les parois du tube digestif. Nombre d’agents infectieux (mycobactéries, virus de la rougeole, listeria…) ont été incriminés ; à aujourd’hui, aucun n’a été mis en cause.
Les facteurs environnementaux jouent un rôle certainement primordial, d’autant plus lorsqu’ils agissent sur un terrain génétique sensible.
III – Les signes spécifiques à la maladie de Crohn
La diarrhée, les douleurs abdominales et l’amaigrissement sont les symptômes digestifs principaux. La diarrhée est le signal d’alarme : parfois accompagnée de glaires sanglantes, le plus souvent faite de selles fréquentes (6-10/j ou plus), souvent nocturnes, liquides ou molles. Les douleurs, elles, seront soit de type « inflammatoire » (permanente accentuées par l’émission des selles) ou « mécaniques » post prandiales, à type de colique, avec une sensation de blocage cédant dans une débâcle bruyante. L’état général se dégrade à cause de la fatigue et l’amaigrissement progressif.
D’autres signes peuvent faire soupçonner l’existence d’un Crohn. Il s’agit de symptômes articulaires (arthralgies, arthrites inflammatoires), cutanés (érythème noueux, pyoderma gangrenosum), oculaires (uvéite, iritis), muqueux (aphtes), généraux (fièvre). Les symptômes ano- périnéaux ont une grande valeur diagnostique (fissures, fistules ou abcès de la marge anale).
IV – Crohn et l’hyper-perméabilité du grêle
Cette manifestation peut être suspectée. En effet, les personnes atteintes de la maladie de Crohn présentent beaucoup plus souvent que les témoins « sains » certaines affections auto-immunes. Le point commun à tous ces états est une augmentation de la perméabilité intestinale.
Les aliments nocifs dans la maladie de Crohn sont, par ordre de fréquence :
1) Maïs
2) Blé, lait, levure
3) Oeufs, pommes de terre, seigle, thé, café
4) pommes, avoine, chocolat, champignons
L’intolérance porte souvent sur plusieurs aliments. Les céréales et le lait se révèlent couramment redoutables pour les malades. Plus généralement, les aliments issus de l’agriculture intensive aggravent la maladie. Il est donc nécessaire de consommer des aliments venant de l’agriculture biologique.
V – Soigner naturellement la maladie de Crohn
Il paraît évident que traiter de façon naturel une maladie de Crohn est la meilleure option en première intention. Les corticoïdes et les salicylés ont généralement un effet bénéfique sur l’inflammation mais ils n’agissent pas sur sa cause. Un réglage alimentaire est bien plus efficace. En effet, il favorise la guérison de l’hyper-perméabilité de la muqueuse de l’intestin grêle, à l’origine de la maladie.
Cependant, il faut souligner que la nutrition artificielle est très efficace dans le Crohn. Elle consiste à remplacer la nourriture habituelle par un mélange d’acides aminés, de sucres simples et de graisses simples. Ce mélange est administré soit par perfusion intraveineuse, soit par voie buccale. Cette nutrition artificielle réduirait voire éliminerait les molécules nuisibles dans les intestins.
Alors que le Crohn est réputé incurable, on s’aperçoit qu’une diététique bien choisie peut amener à une rémission.
Le régime paléolithique agirait apparemment comme la nutrition artificielle. Il a l’avantage d’être plus agréable sur le plan gastronomique et praticable à vie.
Selon Jean Seignalet le régime ancestral engendre en quelques semaines, chez ceux qui le pratiquent, la disparition progressive des signes articulaires et des signes intestinaux. La Vitesse de Sédimentation et le nombre de leucocytes ont baissé. Aucune rechute du Crohn n’est survenue depuis plus de cinq ans.
VI – Le jeûne
Le jeûne est une des techniques les plus intéressante pour les pathologies digestives.
En 2016 le chercheur Yoshinori Ohsumi à découvert un processus appelé « Autophagie cellulaire ». Cette découverte nous explique que nos cellules ont besoin de temps pour se réparer. L’autophagie se produit dans le cytoplasme des cellules à l’aide des lysosomes. Elle sert à éliminer certaines régions toxiques contenues dans la cellule, voire la conduire à la mort pour éviter de propager une infection et permettre également le renouvellement cellulaire.
De nombreuses études sont en cours sur les effets thérapeutique du jeûne. Le MIT a publié en 2018 une étude d’un biologiste qui explique :« Le jeûne a de nombreux effets sur l’intestin, incluant la stimulation de la régénération des cellules ainsi que des utilisations potentielles dans tout type de maladie qui touche l’intestin, comme les infections ou les cancers », explique Omer Yilmaz, biologiste au MIT. Le jeûne induit un changement métabolique dans les cellules souches intestinales, de l’utilisation des glucides à la combustion des graisses, l’effet est une amélioration globale des cellules.
Il faudra en revanche être prudent sur la démarche à venir pour chaque personne en fonction de son état tant physique et émotionnel.
Se lancer dans un jeûne sans préparation et si son état de santé ne le permet pas pourrait être plus délétère que bénéfique.
Le jeûne peut être commencé par un jeûne intermittent de 16h (sauter le petit déjeuner par exemple) dans un premier temps. Puis des jeûnes de 24h, hebdomadaire.
Et si on le souhaite avec un accompagnement sur 3 jours et plus.
Le jeûne est une pratique exceptionnel et très simple. Mais attention, il ne se pratique pas sans connaissance et précautions préalables en fonction de son état.
Je vous invite à prendre contact avec un thérapeute pour un suivi.
VII – Combler les carences
1) la vitamine D
Elle a un rôle neuro-protecteur et son activité immunomodulatrice permet de réguler les médiateurs de l’inflammation, eux-mêmes associés au stress et à la dépression. De plus en plus de preuves épidémiologiques suggèrent un déficit en vitamine D dans le développement des MICI, mais aussi son influence sur l’évolution de la maladie.
2) La vitamine B12
C’est la carence la plus courante chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn.
Dans le milieu acide de l’estomac, elle est séparée du substrat alimentaire par les pepsines gastriques. Elle se lie alors à des protéines salivaires dont elle se libère dans le duodénum sous l’effet des protéases pancréatiques. Elle peut alors s’associer au facteur intrinsèque (FI), une glycoprotéine de liaison sécrétée par les cellules pariétales de l’estomac qui a pour rôle de lui faire traverser les parois de l’iléon (bas intestin grêle) pour entrer dans le circuit sanguin. La vitamine B12 est produite par des micro-organismes(bactéries).
En cas de malabsorption aiguë provoquée par des troubles gastro-intestinaux, des apports à haute dose via préparation orale de vitamine B12 permettent de compenser la totalité des apports manquants. Cela s’explique par le phénomène de diffusion passive : en cas de problèmes d’assimilation 1% de la vitamine B12 est tout de même absorbée par les muqueuses de l’iléon. Cela signifie que même en l’absence de pepsine, d’enzymes pancréatiques ou de facteur intrinsèque, 1% de la vitamine B12 sera assimilée, d’où l’intérêt des compléments. Toutes les formes de vitamine B12 semblent intéressantes pour prévenir une carence ou une déficience à ce jour.
3) Le Fer
Les personnes atteintes de la maladie de Crohn risquent l’anémie. Quand vous souffrez d’anémie, vous avez moins de sang pour transporter l’oxygène vers le reste de votre corps. Environ une personne sur trois atteinte de la maladie de Crohn souffre d’anémie. Le symptôme le plus courant est la sensation de fatigue. D’autres symptômes peuvent inclure des étourdissements, des maux de tête, des mains ou des pieds froids, une peau pâle et un essoufflement.
La cause la plus fréquente d’anémie est un faible taux de fer. Avec la maladie inflammatoire de l’intestin (MII), une irritation et un gonflement (inflammation) à long terme de vos intestins peuvent interférer avec la capacité de votre corps à utiliser et à absorber correctement le fer. D’autres causes incluent une perte de sang lente due à des saignements intestinaux, une mauvaise absorption des vitamines et des minéraux (comme la vitamine B12 et l’acide folique) ou des médicaments. Il conviendra d’apporter une nuance sur le fer et son action inflammatoire intestinale. Essayer de privilégier des aliments riches en fer comme la spiruline.
VIII – Conclusion
La physiopathologie de la maladie de Crohn permet d’établir des recommandations générales, mais chaque personne malade du Crohn est unique, en fonction de son passé médical, de son terrain, de son hygiène de vie, de l’évolution de la maladie et des facteurs psychologiques. Cet article propose des pistes et n’apportent pas toutes les solutions. L’aromathérapie, la gemmothérapie, les techniques manuelles comme la fasciathérapie ou encore énergétiques concourent à soigner cette affection.
La prise en charge doit être individuelle. Elle demande une finesse de la part des thérapeutes pour déterminer les axes de priorité au moment de la prise de contact.
Une approche de médecine intégrative semble la démarche la plus intéressante pour espérer guérir de la maladie de Crohn. Le terme médecine intégrative est utilisé pour désigner le recours simultané à la médecine conventionnelle et aux médecines complémentaires (non conventionnelles) dans le suivi d’un patient. Elle associe deux approches, l’une axée sur la performance technique et le diagnostic, l’autre sur une approche prétendument plus globale et multidisciplinaire de la maladie.