Le système nerveux entérique, aussi appelé « deuxième cerveau », dirige à lui seul l’ensemble du processus de digestion. Grâce à ses quelque 200 millions de neurones, il contrôle entre autres, vascularisation, motilité, sécrétions des fluides gastriques. Alors, lorsque ce réseau neuronal dysfonctionne, c’est toute l’activité gastro-intestinale qui est perturbée.Nombre de nouveaux travaux montrent que la régulation de l’écosystème digestif dépend d’échanges entre les systèmes nerveux entérique et central, le microbiome et l’écosystème immunitaire intestinal. Une perturbation dans ces interactions peut induire une césure de l’homéostasie. Cette rupture peut provoquer un syndrome de l’intestin irritable, certaines maladies auto-immunes et même des états dépressifs. C’est pourquoi les thérapies alternatives se préoccupent de la bonne santé de l’intestin.
I – Le microbiote
Le microbiote représente tous les micro-organismes dans le corps humain. Il est essentiellement composé par des bactéries mais également des levures (microchampignons) et des virus, qui occupent les muqueuses et barrières. Comme il est le plus fourni, le microbiote intestinal est aussi le plus connu. Il existe pourtant des microbiotes au niveau du vagin, de la peau et des voies respiratoires. Cette colonisation obéit à des règles.
Le microbiote est tout un monde. D’un côté, chaque micro-organisme occupe une place particulière : on trouvera des espèces différentes dans tout le corps. De l’autre, nos cellules et les bactéries cohabitent et ont mis en place une symbiose où chacun donne et reçoit. Comme les microbiotes agissent en réseau, le déséquilibre d’un peut entraîner un déséquilibre global.
II – Le rôle du microbiote de l’intestin
Les rôles principaux du microbiote intestinal sont :
- la contribution à la digestion et au métabolisme énergétique
- la synthèse de vitamines, d’acides gras et d’acides biliaires
- une protection directe contre la prolifération de microbes opportunistes
- la régulation du système immunitaire
- le dialogue avec le système nerveux et avec la plupart des organes.
Le microbiote intervient dans presque toutes les étapes de la transformation des aliments. Ce sont des bactéries symbiotiques qui permettent l’expression des gènes de tolérance aux aliments. Le fait qu’un aliment soit accepté ou combattu dépend donc de la composition du microbiote.
Les perturbations dans les populations de bactéries peuvent entraîner des allergies ou des hypersensibilités alimentaires. C’est ce qui se passe avec l’hypersensibilité au gluten. Si vous êtes en dysbiose, la digestion du gluten devient très compliquée et il en reste trop dans l’intestin. Inversement, la surconsommation de gluten à long terme peut changer profondément la composition du microbiote.
III – Comment préserver son microbiote selon les thérapies alternatives ?
L’eubiose est définit par l’équilibre des populations bactériennes en nombre et en répartition. L’allaitement permet cet équilibre chez le nourrisson.
Chez l’adulte, divers agents permettent cet état :
- Une alimentation variée qui comporte assez de fibres et de polyphénols, peu de sucreries, sans pesticides et sans additifs
- Une prise d’antibiotiques et d’anti- inflammatoires limitée aux cas strictement nécessaires
- Prendre le temps de manger et de bien mastiquer
- Pratiquer une activité physique régulière
- Apprendre à gérer son stress et ses émotions.
IV – La dysbiose intestinale
Notre santé résulte donc de l’harmonie entre les populations bactériennes, de leur diversité et de leur bonne répartition dans le corps. Quand ces éléments ne sont plus réunis, on parle de dysbiose. Le régime alimentaire, l’hygiène de vie, l’exposition aux pollutions et le stress sont des facteurs importants. En cas de bouleversements biologiques, de « bonnes » bactéries peuvent devenir « mauvaises « .
Il y a trois sortes de dysbioses qui peuvent malheureusement s’additionner.
1) La dysbiose de putréfaction
C’est la plus courante. Elle se distingue par des gaz malodorants et une haleine chargée. Elle a pour origine un excès de protéines, soit qu’on en consomme trop, soit qu’on ne parvient pas à les dégrader correctement. Cela peut être dû à une mauvaise mastication, un pH gastrique trop bas ou une insuffisance pancréatique. Le manque de bactéries de fermentation, avec lesquelles les bactéries de putréfaction doivent s’équilibrer, est aussi une cause courante. La faute à un mucus intestinal de mauvaise qualité ou à l’excès de prise d’antibiotiques.
2) La dysbiose de fermentation
Il s’agit d’un excès de bactéries digérant les sucres et les fibres. Elle ballonne et provoque des maux de ventre. Sa version la plus problématique pour la santé s’appelle le Sibo (Small intestinal bacterial overgrowth ; en français, prolifération bactérienne de l’intestin grêle). Les bactéries de fermentation, qui normalement sont bénéfiques dans le côlon, embauchent trop haut dans le tube digestif et ont envahi l’intestin grêle. Plusieurs dispositifs censés empêcher cette prolifération peuvent faire défaut. Les effets sont loin d’être anodins : diarrhée, mauvaise absorption des trois classes de macronutriments et de plusieurs vitamines, perte de poids, ballonnements majeurs et douleurs spasmodiques.
3) La candidose digestive
C’est la multiplication de levures de type Candida, habituellement tolérée mais qui peut devenir envahissante. Elle peut coloniser tout le tube digestif, de la bouche à l’anus. Elle va provoque une importante hyperperméabilité de la muqueuse intestinale ouvrant la voie aux allergies et hypersensibilités alimentaires. Les symptômes comme les troubles du transit, maux d’estomac, fatigue chronique, perturbation des neurotransmetteurs vont générer des troubles de l’humeur et du sommeil, troubles ORL chroniques, infections gynécologiques et urinaires, problèmes dermatologiques.
V- Quelques solutions de thérapies alternatives pour votre intestin
1) Les super pouvoirs de l’argile verte
Ses actions sont antibiotique, anti-inflammatoire, antivirale et antiparasitaire. L’argile verte peut détecter les germes et aider à reconstruire les cellules saines. Connue pour ses propriétés dermatologiques en usage externe, l’argile est également redoutable par voie interne contre les maladies digestives telles diarrhées, gastro-entérites ou colites du nourrisson.
Depuis les intestins, où elle s’installe comme un film protecteur reminéralisant, l’argile verte peut attirer le poison présent dans le sang par un phénomène de dialyse. Elle élimine aussi toxines, virus, bactéries et parasites. L’argile « détoxique » la nourriture et réduit le volume de gaz hydrogène lors de ballonnements.
En cas d’hypertension, il est préconisé d’en avaler progressivement ; en cas d’antécédent d’occlusion intestinale, mieux vaut s’abstenir, par précaution ; et en cas de cancer digestif, l’utilisation doit se faire sous supervision médicale. Enfin, l’argile est toujours à prendre à deux heures de distance d’un traitement médicamenteux.
2) Probiotiques et prébiotiques en renfort
On trouve les probiotiques dans :
- les kéfirs de fruit ou de lait de chèvre. Vous pouvez les faire vous-même.
- dans le kombucha, un champignon bénéfique à la base d’une boisson pétillante rafraichissante ;
- dans le tofu et les légumes lactofermentés (choucroute, bocal en verre ou jus Breuss). La lacto-fermentation produit de l’acide lactique grâce aux ferments et à la chaleur.
- dans les compléments alimentaires mais attention tous les probiotiques ne se valent pas. Préférez les gélules gastro-résistantes qui permettront aux bonnes bactéries d’arriver jusqu’au microbiote.
Les prébiotiques, eux, sont des fibres – oligosaccharides et polysaccharides non digérés par l’intestin grêle – bénéfiques pour notre flore, mais pouvant provoquer des douleurs ou ballonnements chez les intolérants. On les retrouve dans les fruits, les légumes et le miel. Ail, oignon et banane contiennent en particulier des fructo-oligosaccharides (FOS) et chicorée, endive, artichaut, asperge, topinambour, poireau et salsifis comportent de l’inuline (existe aussi en complément).
VI – Conclusion
Plusieurs travaux récents sur les souris ont mis en évidence l’implication directe du stress et d’émotions négatives dans l’initiation de symptômes évoquant le syndrome de l’intestin irritable. Le stress est suspecté de modifier la composition du microbiote, et chez les sujets très jeunes, y compris en période périnatale, d’altérer le développement du système nerveux entérique de manière supposée irréversible (au regard des connaissances actuelles). Avec des conséquences sur l’intégrité de l’épithélium intestinal, la motilité et les sécrétions digestives, mais aussi, ultérieurement, sur la capacité à répondre au stress.
Le système nerveux entérique peut aussi faire l’objet de neuropathies, au même titre que le système nerveux central, consécutives notamment à une infection, des agents toxiques (y compris les antibiotiques pris trop précocement dans la vie) ou d’autres maladies comme le diabète ou encore les maladies neurodégénératives.
Cet article traite une infime partie du rôle essentiel que joue l’intestin sur notre santé et notre bien-être d’où la place importante que lui accorde les thérapies alternatives.
En aucun cas les informations et conseils proposés dans cet article ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé